L’homme de Cro-Magnon, découvert en Dordogne, était l’un des représentants d’une longue lignée arrivée en Europe au Paléolithique supérieur. Il y a environ 35000 ans. Il reste considéré comme notre ancêtre. L’homme de Néandertal ( plus simiesque mais peut être tout aussi évolué intellectuellement) apparut il y a 28000 ans. Quelles furent leurs relations ? Cela fait encore l’objet d’un vaste débat. Quoiqu’il en soit des analyses ADN récentes prouvent un métissage.
Aucune fouille n’a été faite, à notre connaissance, sur la commune. C’est pourquoi , pour illustrer ce paragraphe nous ne parlerons que des découvertes faites dans la région.
Le climat, au cours du paléolithique supérieur, est encore rigoureux. Les glaces occupent encore le nord de l’Angleterre et les Pays bas. La toundra s’étend jusqu'à la région parisienne. Plus au sud, c’est la taïga, une forêt peu épaisse.
Au magdalénien (fin du paléolithique soit – 17000ans) à la faveur de la décrue glaciaire alpine, venu du sud ouest, l’homme a déjà colonisé le pied du Vercors. Il ne s’agit souvent que de chasseurs cueilleurs,nomades la plupart du temps. Les fouilles effectuées à St Nazaire en Royans révèlent un paysage de steppes froides. On y chasse le cheval, le Renne, le bison, la marmotte, le bouquetin, le loup, l’ours et le mammouth.
Parallèlement, à 10 kms au sud de Montélimar, la grotte Mandrin témoigne de l’occupation de l’une des dernières sociétés néanderthaliennes.
A Saou, des traces de passages humains (feux) furent découvertes lors de la réalisation de pistes forestières. Datant du mésolithique (période entre le paléolithique et le néolithique)elles seraient plus récentes (- 7000 ans). A cette époque le climat était devenu tempéré et l’homme perpétuait un mode de subsistance basé sur la chasse et la cueillette. Autichamp, avec ses nombreux abris sous roche, protégés du vent du nord, ses sources et sa rivière, connaît sans doute sa première occupation humaine.
Un peu plus tard (au néolithique -5000 avant JC) les pentes externes et le fond du synclinal de Saou sont en partie cultivés. Des lames chasséennes retrouvées en abondance le prouvent. L’homme devient sédentaire et commence à s’affranchir des contraintes environnementales et saisonnières. A Chabrillian une stèle datant de cette même période (-4000ans) a été aussi découverte. Les hommes vivent en clan et pratiquent le culte, comme le faisaient les tribus primitives. Le néolithique prendra fin avec, entre autre, l’arrivée des métaux.
L’âge de bronze a laissé de riches témoignages dans la Baume Hannibal à Chastel Arnaud et surtout au Pas de L’Estang. Plusieurs niveaux y ont été découverts jusqu’au second âge du fer : matériel lytique, métallique, osseux humain et animal, des plats décorés de figures schématiques dont un char attelé et un cheval monté. Pendant prés de 10 ans Arsène Héritier y a fouillé un village découvert fortuitement au moment du tournage du téléfilm « Fabien de la Drome » Entouré de palissades, flanqué d’un lieu de refuge perché, celui-ci devait compter une centaine d’habitants. Ils cultivaient l’orge, élevaient des bovins, des porcs, des chèvres, des moutons et chassaient le sanglier et l’ours.
LIENS
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Dr%C3%B4me
Le peuple qui habitait la Drôme entre Die et Nyons était constitué de Voconces: sans doute en faisions nous partie. Vers 70 avant JC, il signa un traité d’amitié (foedus) avec les romains, ce qui lui permit de garder une certaine autonomie et des institutions traditionnelles. La Gaule transalpine devint, plus tard, sous Auguste, la Gaulle Narbonnaise.
Paul Valette, dans le pré-inventaire établi en 1978 signale des fragments de tuiles et de céramiques en surface au quartier Tridolet et au quartier St Jean. Ce sont, avec le nom
"Alticampus", les seules traces que nous avons de cette époque. Elles n'en témoignent pas moins d'un habitat dispersé. Le pont situé au bas du village n’a, quant à lui, rien de romain. Il est
roman tout comme la route qui l'empreintait.
Les grandes voies de l’époque étaient le Rhône mais, surtout, la Via Agrippa que la nationale 7 suit en bon nombre d’endroits et la voie des Alpes qui, de Valence, passait par Crest et Die pour rejoindre Suze: route par laquelle arriva César en -59 avant JC, pour conquérir le reste de la Gaule.
Le val de drôme était donc un lieu de commerce et de passage. Les paysans de l’époque ont sans doute profité de cette opportunité L'omniprésence romaine apportait une certaine stabilité et sécurité dans la région. Les hameaux étaient dispersés en fonction des terres et des sources.
LIENS
Pendant le déclin de l’empire romain, au cours des premiers siècles de notre ère, la région restait un important carrefour routier mais la paix romaine s’achèvait. Profitant de l’anarchie militaire régnante les barbares faisaient leurs premières incursions. En 269 et en 275-276, les Alamans venus de Suisse ravagèrent la vallée de la Drôme. Au IV° siècle Valence dut faire face à de nombreuses razzias. Les bandes de bagaudes, paysans gaulois révoltés et brigands furent ensuite suivis par les Vandales en 407. Les Wisigoths s’emparèrent de Valence en 41. Les Alains arrivèrent en 44. Les Burgondes, plus pacifiques, installés en Savoie par les romains, furent maîtres du bassin rhodanien à la fin du V° siècle .Le Valentinois échut finalement au Royaume Franc en 533.La domination franque des Mérovingiens puis des Carolingiens durera plus de deux siècles. L’histoire nous a laissé peu de traces de cette époque. Symboliquement nous sommes au début du Moyen-âge. En 843, le traité de Verdun qui partage l’empire franc octroie le gouvernement du sud à Gérard de Roussillon, le fameux héros des romans de chevalerie. Les Normands incendièrent Valence et d’autres villes en 877
C’est aussi « la période des trésors cachés» comme en témoignent, entre autres, ces deux poteries découvertes à Allex qui contenaient plus de 12000 pièces (soit près de 100kg)
Le pouvoir des royaumes qui se succèdent, est faible. Le début du VIII° siècle est marqué par les expéditions militaires arabes (barbaresques ou espagnoles) qui remontent la vallée du Rhône. Cachés dans les bois, les Sarrazins fondaient à l’improviste sur les campagnes. Le nom de Combe Maure à Grâne en témoigne.
Parallèlement, dans la Drôme, comme ailleurs la religion chrétienne a fait son apparition. Les évêques ont un réel pouvoir. Héritages des anciennes structures administratives romaines et gauloises, les diocèses se superposent aux territoires des anciennes cités. Après le temps des martyrs vient celui des saints évêques. L’église parait apporter un peu de stabilité mais l’administration du territoire reste complexe. A partir du IX° siècle la Drôme actuelle est partagée en plusieurs comtés. Le pauvre peuple subit et la féodalité se met en place. Le roi ou l’empereur est trop loin et trop faible. Désormais on se rapproche du voisin le plus puissant, ou plutôt de celui qui s’impose, celui capable d’ériger des tours et des fortifications. Les premiers châteaux apparaissent au XI° siècle. Commence alors le temps des seigneurs.
Doc : Les siècles obscurs-Jean Noël Courriol-Histoire et patrimoine Drômois –Beaufort sur Gervanne
Pour avoir une idée de l’habitat de l’époque : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Dr%C3%B4me
Les comtes et les évêques se sont disputés le territoire pendant près de deux cents ans. Autichamp fait partie du fief des comtes du Valentinois. Il appartient depuis fort longtemps à la Maison de Chabrillan. Cette famille était l’une des plus anciennes et des plus considérables du Dauphiné. Sous les règnes de St Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, elle occupa une position distinguée. Autichamp apparaît dans plusieurs actes du XII° siècle. On identifie au moins deux seigneurs du lieu, Hugues et plus tard Guillaume. Hugues en 1164 fut garant d’un traité entre le Dauphin et le Seigneur de Faucigny. Guigues, sans doute l’un de ses frères partit en Croisades en 1190.
Difficile aujourd’hui de déterminer l’emplacement de la première enceinte fortifiée du village. Ce que l’on sait, c’est qu’elle fut en partie détruite au début du XIII° siècle. Une demande déposée en 1244/45 par Aymar de Poitiers, comte de Valence et propriétaire des terres d’Autichamp (par hommage du seigneur qui reconnaissait ainsi sa soumission et son dévouement) réclame une indemnité pour les pertes causées par Sylvion de Crest et le comte de Montfort. Ces derniers s’étaient introduits dans ses terres et en avaient détruit le château.
La reconstruction fut sans doute effectuée entre 1244 et 1332, date à laquelle l’édifice est de nouveau mentionné. La nouvelle construction fut adaptée aux nouvelles techniques de siège : murailles plus épaisses, tours rondes. .. On les retrouve particulièrement à l’est et au nord : la tour de la mairie, toutes les façades jusqu’à la porte nord. Le donjon étant la tour ronde du château actuel.
(Les mêmes prénoms étant souvent employés de générations en générations, pour faciliter la compréhension, nous nous permettrons de les numéroter dans les lignes qui suivent. Les seigneurs d’Autichamp sont surlignés en gras)
En 1280 la seigneurie d’Autichamp est tenue par le chevalier Aynard (I) de Chabrillian. Il semblait partager cette tâche avec Mathieu, lui aussi chevalier et seigneur. Si Aynard I (ou Amar) est cité jusqu’en 1299, les actes rédigés en 1315, ne nomment plus que Mathieu. A cette époque Autichamp est désigné sous le terme d’ « Altis Campi » (les hauts champs par rapport à la plaine de Chabrillian)
Dans deux hommages rédigés en 1332 et 1339, Aynard (II) de Chabrillian semble avoir succédé à Mathieu en tant que Seigneur du lieu. Aymard II a eu deux fils Aymard (III) et Amédé et deux filles Polie et Marguerite. Les deux fils paraissent être décédés avant leur père et Marguerite était devenue la femme d’Aymar D’Urre (Eurre). Plusieurs transactions eurent lieu autour du fief d’Autichamp. Polie conserva néanmoins une grande partie de ses droits. La seigneurie d’Autichamp allait-elle perdurer ?
François de Beaumont était un descendant de la maison des Beaumont (vers Crolles en Isère) l’une des plus anciennes et des plus illustres du Dauphiné. Il était qualifié de « noble et puissant homme » et seigneur de la Freyte (la Frette toujours en Isère) et des Adrets en Grésivaudan. Il se maria avec Polie de Chabrillian. Autichamp eut un nouveau seigneur et appartint à une nouvelle famille.
François eut deux enfants : Artaud qui eut en partage le château de La Freyte et Humbert (I) qui devint seigneur d’Autichamp, de Pellafol et de Barbières. D’un premier mariage, Humbert eut un fils et un petit –fils. Ces derniers sont probablement morts de son vivant puisqu’ils ne figurent pas sur son testament. En secondes noces, il épousa la fille du seigneur de la Baume Cornillane, Pernette de Cordon. Il eut deux fils (Louis et André) et six filles (Louise, Françoise, Marie, Luquine, Antoine et Polie (II) ; ces trois dernières finirent religieuses).
Louis reçut les terres de Pellafol, Barbières et La Bâtie- Rolland. Il épousa Louise de Grolé et eut deux enfants Guillaume et Humbert (II). Ce dernier décéda en 1467. Guillaume se maria avec Antoinette Alleman. Il eut trois filles (Claire Louise et Jeanne) et un fils Claude. Lequel aura à son tour quatre fils (Antoine, Jean, Claude (II) et Olivier). Antoine sera le seul héritier. Il épouse Marguerite de Monteux, fille du conseiller et médecin du Roi (Henri IV) Ils ont un fils (Gaspard) et trois filles (Madeleine Françoise et Antoinette).
Mais retournons sur l’autre branche de cet arbre généalogique, celle d’André, l’autre fils d’Humbert (II)
André (Andrieu de Beaumont) hérita donc de son père Artaud des terres d’Autichamp. Il épousa Guillemette Françoise et eut quatre fils et cinq filles. Claude, le fils aîné, devint en toute logique, le seigneur d’Autichamp. Il mourut en Catalogne (en 1467) d’un coup d’artillerie en servant Jean d’Anjou. Il léga ses biens à Humbert (II) l’un de ses frères. Celui-ci décéda en garnison à Arras en 1484. Il léga tous ses bien à son cadet Guy. Sa postérité fut assurée par Philippe, Guy (II), et quatre filles (Gonnelle, Hoftarine, Colette et Soffraye). Guy II, seigneur d’Autichamp épousa Damoiselle Jeanne Vierron . Le contrat fut passé au château de Grignan en l’an 1588. Ils auront trois fils (Humbert (III), Nicolas, Jean) et une fille (Diane). Humbert (III), seigneur d’Autichamp et d’Entailles, se maria avec Benoite Chabert. Ils eurent un fils (Claude) et quatre filles (Charlotte, Jeanne, Anne et Diane). Claude mourut sans alliance et sans descendance. La branche seigneuriale était cassée.
Gaspard, descendant de Louis, l’autre branche, après trois générations, emporta par arrêt la terre d’Autichamp sur les filles d’Humbert (III) en vertu des substitutions à son profit le 24 décembre 1571 : une belle opportunité pour lui et pour notre village.
Doc : l’étude des jardins d’Autichamp Anne Allimant CAUE 1999 (consultable en mairie ou auprès de l’association.
Liens
Les croisades- histoire généalogique de la maison des Moreton 1861 (livre par accès gratuit Google)
Dictionnaire de la noblesse 1771 (livre par accès gratuit Google)
Masure de l’Abbaye Royale 1665 (livre par accès gratuit Google)
Gaspard, de par ses nobles parents, avait probablement fréquenté la cour royale. Tombé sous le charme de ce nouveau lieu qu’était pour lui Autichamp, il eut un rêve : un vrai château moderne et confortable. Il commença par l’agrandir, le rehausser, en lui donnant un style Renaissance avec de grandes façades percées de fenêtres à meneaux. Il fit reconstruire par la même occasion le pont sur la Grenette et bâtir de magnifiques jardins, dignes des plus grandes demeures. Ce sont ces vestiges que nous pouvons encore admirer aujourd’hui.
Il s’installa probablement en ce lieu et épousa Antoinette de Vilette (fille de Charles, seigneur du Mey au comtat Venaissin).Elle lui donna trois fils (Charles, Louis, Antoine) et deux filles (Louise et Claude). Charles resta célibataire, Louis mourut sans alliance. Antoine (II) devint seigneur d’Autichamp et de la Roche et assura la postérité.
A 48 ans, Antoine (II) épousa le 1er septembre 1609 Françoise de Florence dont il eut deux fils (François et Charles) et deux filles (Anne et Hélène)). François devenu à son tour seigneur d’Autichamp et de la Roche. Ce dernier épousa Louise-Olympe de Bressac en 1644. Elle décèdera en son château d’Autichamp et sera ensevelie « dans la tombe des seigneurs du lieu » en 1665. Elle lui avait donné quatre filles et trois garçons (dont deux sont nés à Autichamp) : Marie-Justine, Marie- Marguerite, Louise- Hélène, Marie-Anne, Charles-Just, Joseph et Laurens-François.
En 1667, François de Beaumont fit preuve par jugement de sa «noblesse d’ancienne race ».
Parallèlement, les habitations et l’église du village se dégradaient lentement. Une première demande de travaux fut faite pour l’église en 1658. Une maison fut d’ailleurs achetée pour loger les pères de la communauté religieuse. Nous en reparlerons dans le chapitre concernant le patrimoine religieux.
Un orage en juin 1718 entraina l’écroulement de plusieurs maisons anciennes bâties contre l’enceinte à l’ouest du village. Le rempart est alors décrit « hordestat ». Les rues pavées avaient elles aussi subi de gros dégâts.
Une seconde supplique détaillée fut adressée en 1722 à l’intendant du Dauphiné :
« …(les comtes) se trouvent dans une si triste situation et si fort obérés qu’ils ne sont pas en état de faire raccommoder les murs qui forment l’ensseinte du lieu et que par leur ruine prochaine, ils sont à la veille de voir ébouler une partie des maisons occupés par la plupart des habitants, les advenues de plusieurs endroits aud lieu sont devenus impraticables par la fureur des eaux pluviales, de mèmes que plusieurs fonds qui se sont trouvés emportés ayant été si fort maltraités par les mèmes eaux qui ne scauroient désormais supportés leur charges ord(inai)res que le peu de prodhui de la récolte de cette présante année les réduit dans une si grande qu’ils ne scauront se remettre sans le secours de votre grandeur (…) »
En 1729, le mur d’enceinte de 6 mètres, au nord-ouest des fontaines est détruit sur plus ou moins quatre mètres de haut. De l’autre coté, il s’étend sur environ 10 m où, de là, il rejoint le rocher. Il est décrit comme : «entièrement ruiné » n’étant soutenu, là encore, que par un bout de rocher qui « menace ruine ». Le châtelain est sollicité mais ses fonctions l’ont appelé ailleurs.
Nobles, dignes et honorables les enfants de François de Beaumont sont fidèles au roi et à Dieu. Laurens-François, colonel d’un régiment de cavalerie mourra sans alliance en 1718. Joseph, Marie-Anne, Marie-Marguerite et Louise-Hélène entreront en religion. Charles –Just seigneur d’Autichamp, après avoir été lieutenant, quitte le service au décès de son père et se marie le 14 novembre 1661 avec Gabrielle de la Baume-Pluvinel la fille du seigneur de la vallée de Quint, gouverneur des ville, tour et château de Crest. Charles Just commandera l’arrière ban du Dauphiné. Il mourra en 1708 laissant derrière lui Antoine (III), Joseph (comte d’Autichamp), François (II), Louis-Imbert, Marie-Gabrielle, Anne et Thérèse.
Joseph, brillant militaire, finit brigadier du Roi et meurt à Versailles en 1739. François mourut en tant qu’Abbé de la Victoire de Senlis en 1765. Louis-Imbert suivit la même carrière que Joseph et termina aussi en tant que Brigadier du Roi. Marie-Gabrielle se maria et ses deux sœurs furent religieuses au monastère de la Visitation à Crest. Antoine (III) de Beaumont, marquis d’Autichamp, fut successivement lieutenant du Roi en province d’Anjou et commandant des ville et château d’Angers. Il épousa Louise-Olympe et n’eut qu’un seul fils : Louis-Joseph.
Suivant la tradition familiale Louis-Joseph, marquis d’Autichamp, sera lui aussi un haut gradé (colonel) au service du Roi. Il décèdera lors de la bataille de Lawfeld en 1747. Il avait épousé Marie-Céleste Perine Loquet de Granville. Ils laissèrent Jean–Thérèse-Louis (marquis d’Autichamp), Charles-Antoine-François (l’Abbé d’Autichamp) et Antoine-Joseph-Eulalie (Vicomte d’Autichamp).
Blason
Description :Henri Lionel Marie Janvre BEAUMONT D'AUTICHAMP
Armes: de gueules à la fasce d'argent chargé de trois fleures de lys d'azur.
Support: deux sauvages de carnation, armés de massues.
Cimière: une tête de licorne d'argent, couronne de Marquis.
Devise: IMPAVIDUM FERIENT RUINAE.
Adage: Amitié de Beaumont.
Cris de guerre: Beaumont, Beaumont
GENEALOGIE DE LA FAMILLE BEAUMONT D'AUTICHAMP ICI
Jean-Thérèse-Louis n’avait pas onze ans quand il entra comme sous-lieutenant dans le régiment d’infanterie du roi. De par sa valeur son ascension fut fulgurante. Chevalier de St Louis à 24 ans, il reçoit la grand-croix en 1779. Il est cité comme l’un des premiers généraux de cavalerie qu’il y eut en France. Ses stratégies sont prises en exemple dans les écoles militaires.
Avec une telle réussite, ayant, peut-être, eu vent du piètre état de son village et sans doute dans l’enthousiasme de sa succession, le marquis projette en 1778 la reconstruction complète de son château. Le projet est digne de son rang : un château trois à quatre fois plus grand et plus haut que celui que nous connaissons aujourd’hui avec des allées arborées sur plusieurs dizaines d’hectares. Ce projet ne verra jamais le jour.
Alors qu’il avait été choisi par le maréchal de Broglie comme maréchal-général-des logis, la révolution éclate. Avec le prince de Condé, le marquis quitte précipitamment la France pour Turin. Par la suite, il œuvrera successivement en Suisse, en Angleterre puis au service de l’empereur de Russie avec l’assentiment de Louis XVIII. Il ne rentrera en France qu’en 1815.Il sera nommé Duc d’Autichamp par le Roi et reprendra du service au sein de l’armée.
LES PLANS DU CHATEAU (extraits des Archives Nationales) ICI
La révolution n’a pas d’effets immédiats sur les biens du Marquis mais les choses se précipitent. Depuis son exil, M. d’Autichamp réclame les revenus de ses terres à deux fermiers locaux et leur intente un procès. Cela attire-t-il l’attention du directoire du District de Crest ? Toujours est-il que l’inventaire de ses possessions est fait en juin 1792. Lors de la visite d’estimation et de division des immeubles, le château est divisé en deux lots distincts (Il appartient de nouveau aujourd’hui à deux propriétaires différents). Le tout est jugé en mauvais état et de piètre qualité.
Une vente aux enchères est organisée le 2 novembre 1793. D’autres adjudications définitives sont ensuite organisées. En 1800 les procédures de créances sont apurées mais l’ensemble des démarches d’aliénation des biens prendra fin en 1816, date à laquelle la famille ne possède en Drôme qu’une petite parcelle à la Roche sur Grâne et un bois sur la commune d’Onay.
450 ans d’histoire se sont écoulés depuis le mariage de Polie et de François.
Doc :
Etude sur les jardins d’Autichamp Anne Allimant 1999
Biographie nouvelle des contemporains 1820 (livre numérique Google)
Histoire généalogique et héraldique des pairs de France 1826 (livre numérique Google)
Les biens de la noblesse ne sont pas les seuls à être aliénés. Les biens ecclésiastiques deviennent aussi propriété de la nation.
Lors de l’estimation, faite par le procureur, le 30 novembre 1790, le prieur curé Charbonnel, tient à faire remarquer qu’après l’abandon du prieuré, il a énormément travaillé pour mettre en valeur ses terres et son jardin : «…c’est lui qui a fait faire les plantations de vignes et de meuriers (mûriers), qui a fait arracher environ huit cents voitures de pierres ou rochers… ». Les habitants peuvent en témoigner et tous les bénéfices ont été consacrés au presbytère et à l’église afin d’en alléger la charge au niveau du village. Il supplie l’assemblée nationale de lui laisser ses terres et son jardin.
Cela n’arrête pas la procédure mais le jardin lui est octroyé le 7 février 1791. Le curé réclame cependant des indemnités. Le 28 prairial an III (le 17 juin 1794) la soumission d’un acheteur de Crest est admise pour la cure d’Autichamp. La commune et le curé contestent mais le 16 fructidor de l’an V (7 septembre 1797) le tribunal confirme les droits de l’acheteur. L’annulation de la vente est rejetée et injonction d’évacuer est faite au curé.
Le 6 fructidor de l’an V (24 aout 1797) les gendarmes sont envoyés à Autichamp pour procéder à l’expulsion.
Le 20 messidor de l’an VI une lettre d’un M. Moutier est adressée à Charles Antoine de Gaimhard, député de la Drôme à Crest : « … (je) recommande vivement à Charles Antoine
l’Abbé Charbonnel, curé d’Autichamp. Quoique malade et sexagénaire, malgré les efforts faits en sa faveur, il a été déporté : ce sera un acte d’humanité d’obtenir sa libération…. ».
Elle fut obtenue mais les justiciers de l'époque et le destin s'acharna sur cet homme qui fini par mourir caché dans l'ombre ... pour quelques pierres d'ici et pour ses idées.
Un document remarquable : l''histoire d'un homme, l'abbé Charbonnel : ici
L’immense transfert des propriétés des biens de la noblesse et du clergé, l’enrichissement républicain (dû aussi aux guerres) puis la paix retrouvée engendreront très progressivement une élévation de la prospérité et de la consommation. Dans un premier temps, à Autichamp, seuls le meunier (aussi garde-chasse) et un des fermiers du Marquis d’Autichamp, purent acquérir des biens. La plupart des autres lots furent vendus à des habitants de Crest, sans doute plus riches que les paysans locaux.
Il va sans dire que la spéculation dut aller bon train. Les lots furent apparemment divisés pour être plus accessibles et revendus. L’impôt bien qu’ayant changé de nom était toujours aussi présent.
Au XIX° siècle de nouvelles fermes apparurent sur le cadastre ainsi que quelques bâtiments au sein et à proximité du village. En 1837 le nombre des habitants est à son apogée avec 347 personnes (120 en 1999). L’habitat reste dispersé. En 1862, une réponse au préfet par le maire M Perminjat (désigné, à l’époque, par l’état) nous dit : « il n’y a point de hameaux dans la commune, seulement vingt sept granges (fermes) éparses et éloignées du village ».
Autichamp est en pleine prospérité. Il reste le jardin de la vallée de la Drôme et les terres fromentaires sont nombreuses. Parallèlement, l’essor du moulinage industriel a un réel impact économique sur la commune depuis longtemps productrice de vers à soie.
« La Grenette fait mouvoir un moulin à farine. On pourrait facilement y construire des usines » nous dit une description de la préfecture de l’époque. Un maréchal--ferrant s’est installé à l’entrée du village.
Au début du XX° siècle la route est construite au pied du village et vers 1905, l’église est complètement rénovée (nous y reviendrons dans les chapitres consacrés au patrimoine bâti).L'école
sera aussi construite à cette époque.
Les nombreuses archives municipales sont en train d’être triées, sans doute nous apporteront-elles encore plus de renseignements
.
Doc : Etude des jardins d’Autichamp par Anne Allimant
Archives municipales
Le 19 juin 1915 est décédé Louis-Henri Morand, à l’âge de 74 ans. Il avait été maire d’Autichamp depuis 1873, soit un mandat de prés de 42 ans. Frédéric Gauthier, adjoint étant mobilisé, c’était louis Bouchet, premier conseiller municipal qui devait assurer la fonction de maire. Louis Eymard et Louis Giraud étaient également mobilisés mais « pour des raisons de santé et la séparation de ses enfants, qui sont aussi sur le front, M Bouchet décide de se démettre des fonctions de maire ».
La désignation d’un maire était inscrite à l’ordre du jour de la séance du conseil municipal du 10 juillet 1915. Tous les conseillers furent sollicités mais aucun ne voulut assumer cette responsabilité. Mérimet Lantheaume fut finalement désigné par six voix et un bulletin blanc mais ce vote ne sera pas approuvé par la préfecture. Quelque peu contraint et forcé, Louis Bouchet devra revenir sur sa décision.
Dans les fermes bien des problèmes autrement plus importants se posaient. Les hommes manquaient. Louis Faure, par exemple, seul mécanicien-conducteur de la batteuse était mobilisé et la récolte ne pouvait se faire. Le conseil municipal sera obligé de prier instamment monsieur le préfet d’intervenir auprès de l’administration militaire afin que lui soit accordé un sursis.
Toutes les familles seront touchées par ce conflit. En France, plus de 40 % de la population masculine d’un âge de20 à 48 ans fut mobilisée Sur la commune, plusieurs hommes en pleine force de l’âge ne reviendront pas du front. Ils perdront la vie dans la Meurthe et Moselle, dans la Marne, à Verdun, dans la Meuse, dans le Nord mais aussi en Belgique et dans les Balkans en Serbie. Chaque année, lors des commémorations, leurs noms sont lus avec toujours autant de respect et d’émotion pour les familles et les amis présents.
Au cours de l’année 1943, le haut état-major allemand comprit que le danger d’attaques aériennes ne viendrait pas seulement d’Angleterre mais également d’Afrique du Nord où était basée l’US Air Force. La ligne de défense (chaine Kammhuber) qui s’étendait déjà du Danemark à la Suisse serait prolongée jusqu’à la côte méditerranéenne. Dans la vallée du Rhône, les stations de repérages étaient distantes d’environs 60 kms. Chacune avait un nom de code dont la première lettre était celle de la ville la plus proche. Mungo (M pour Montélimar) était prévue sur la commune d’Autichamp. Elle aurait dû accueillir deux radars Wurzburg Riese (Le premier servant à la détection de l’avion ennemi, le second servant à guider les avions de chasse).
Pour chaque station un ingénieur allemand prenait contact avec les administrations locales afin de réquisitionner les entreprises et la main d’oeuvre aptes à effectuer les travaux de terrassement, la construction des baraquements et des supports d’antennes. A Autichamp, les 150 personnes réquisitionnées qui se sont succédées sur le chantier, en particulier les ouvriers de l’entreprise Reynier , firent en sorte de faire trainer les travaux. Il ne fut jamais coulé plus de trois mètres cubes de béton par jour et les charrois de pierres n'étaient guère remplis. De son côé, André Reynier s’était arrangé pour faire passer les plans à Londres. Les baraquements furent terminés mais les antennes ne furent jamais boulonnées sur leur socle.
Liens :
http://memoire-aero-rhone-alpes.freeiz.com/RADAR2.pdf
et surtout
http://www.museedelaresistanceenligne.org/expo/expo.php?id_expo=2
Après avoir débarqués en Provence, le 15 août 1944, les alliés de la « task force » Butler arrivés à Crest, bifurquèrent sur la gauche pour prendre position dans nos collines. De leur coté, les FFI faisaient sauter le pont de Livron dans la nuit du 16 au 17 août bloquant ainsi la retraite de l’armée allemande. Un obusier M1 de 105 était positionné juste sous la ferme Giraud. Du 20 au 29 août, il pilonna la vallée du Rhône.
Les photographies anciennes du village que nous possédons montrent qu’au début du siècle dernier bon nombre de maisons étaient encore debout. Par contre certaines paraissaient déjà vides. Attirées par le développement économique certaines familles se sont dirigées ailleurs et les bâtiments commençaient à ne plus correspondre aux besoins. A cela vint s’ajouter le premier conflit mondial . Le plus fort déclin de la population (une trentaine de personnes) sera enregistré lors du recensement de 1921. La commune passe alors de 187 à 156 habitants.
Certaines maisons furent totalement abandonnées. Ailleurs d’autres villages étaient déjà vides (Suze, Mirabel, Soyans, Crupies…). La reprise économique trés lente aprés le second conflit ne fit qu'envenimer les choses.
Autichamp allait pourtant survivre. Les fermes étaient viables. L’école fonctionnait. Un menuisier était à l’œuvre et le café faisait souvent le plein. Un artiste vint même s’installer et rebaptisa la porte sud en « Porte de France ». Parallèlement, dans les années 60, la conjoncture économique étant favorable, certains citadins investissaient dans des résidences secondaires. Le village avait du charme et les vieilles pierres se vendaient pour une bouchée de pain.
Cela ne contribuera cependant pas à l’accroissement de la population. En 1975, la commune fut au plus bas avec 105 habitants. Il faut dire que le nombre d’enfants avaient également beaucoup diminué au sein des familles.
Le château sera quant à lui racheté par une jeune lyonnaise de 25 ans, Mlle Martin. Passionnée, elle s’évertuera à rassembler les différentes parcelles et finira avec M Sadok, son mari, par reconstruire le superbe édifice que nous connaissons aujourd’hui. Inscrit depuis 1953 à l’inventaire des Bâtiments de France, le village retrouvait enfin quelques lettres de noblesse. En grande partie grace à cela, aucune maison moderne n’est venu le défigurer et sa physionomie à été préservée.
A cela est venu s’ajouter la volonté de quelques élus, d’artisans respectueux et celle d’une pincée de nouveaux habitants. Avec l’enfouissement des lignes électriques et téléphoniques, la rénovation des calades, la réfection des réseaux d’eau et d’assainissement, les municipalités successives aidées par le Conseil Général, ont fait depuis quelques années un travail énorme. D’autres projets de rénovation du patrimoine sont en cours et notre association est née..
Pourtant il reste des maisons vides et le village manque encore de jeunesse. On ne sait si l’école pourra être maintenue. Le charme du lieu opérera mais cela sera-t-il suffisant ?